6 Mars 2015 22:16 Dernière édition: 6 Mars 2015 22:18 par Shtamane
Bon à la demande de Salade d'Endive et en réponse à son top 100, et également pour la nostalgie des bons vieux jours de Musique!, je mets à jour mon Top 30 de mes albums favoris. J'ai malheureusement perdu toute trace de l'original mais je me souviens du top 5 qui était:

5- The Beatles - Abbey Road
4- King Crimson - Red
3- Magma - Kohntarkosz
2- Jethro Tull - Thick as a Brick
1- Mike Oldfield - Ommadawn

Ces 5 albums ont-ils survécu l'épreuve du temps? Je viens de finaliser ma liste, vous aurez quelques surprises bien que, overall, je réalise que je ne me lasse pas de mes classiques. Je m'impose comme seule règle de mettre qu'un seul album par groupe. Parce que vous ne voulez pas me voir parler de la discographie de Magma :P

J'ajoute aussi ce petit concept: pour chaque album je dirai de quoi il est la trame sonore. Vous verrez.

(oh et en passant je n'essaie pas de compétitionner Salade... je m'en tiens à 30 albums et des descriptions courtes!)

#30 Art Bears - The World as it is Today



À mon avis, le meilleur album issu du mouvement Rock in Opposition des années 70. En fait, les trois albums de la courte vie de Art Bears sont de qualité exceptionnelle et c'est un peu déchirée que j'ai choisi de nominer celui-là. Le RIO était originalement un collectif de quelques groupes européens totalement écoeurés du monde des compagnies de disque, formé le temps d'un concert le 12 mars 1978. Le concert est ensuite devenu un "mouvement social" qui a jeté les bases de toute la frange plus expérimentale du monde progressif. Aujourd'hui, le RIO est passé au rang de genre musical, caractérisé par une instrumentation rock mais l'abandon de ses structures et de ses rythmes traditionels. Du rock déconstruit, bref, mais qui n'a jamais voulu cesser d'être musical et profondément évocateur.

The World as it is Today est un album concept qui explore divers thèmes politiques et économique des façon très sombre-satirique, autour d'une dizaine de chansons qui vont de la comédie musicale jusqu'au un délire bruitiste. La voix complètement flyée de Dagmar Krause prend la place centrale, accompagnée des ambiances chaotiques et tourmentées de Fred Firth et Chris Cutler Chaque morceau pèse trois tonnes et évoque l'oppression d'une société qui, on le constate, a bien peu changé en 40 ans.

La trame sonore d'un banquier de Wall Street qui soudain, se lève de son bureau en riant et quitte pour ne plus jamais revenir.

OH YEAH !!! SUPER album et SUPERBE chronique :)

Je suis heureux ! Et j'ai bien hâte de voir la suite !

Et ceci dit, j'adore le concept. Je suis jaloux.

Dagmar est une merveille de la nature (bien plus que l'actrice porno Joanie Laurer)

Et Ommadawn en numéro un = WIN

tellement incroyable cet album. De mon côté aussi, il continu d'être une inépuisable source d'inspiration.

bon, je viens de révéler un spoiler pour ma liste !

Bien hâte de voir si il demeure premier dans la tienne !!!!

#3 6 Mars 2015 23:59 Dernière édition: 9 Mars 2015 16:01 par Shtamane
#29  Marcel Kanche - Dix Automnes sous les Paupières



Je triche ici un peu... il ne s'agit pas d'un album ici mais bien une compilation des meilleurs morceaux de ce compositeur français si peu connu et si génial. Ses albums sont tous excellents, mais je reviens constament à cette compil parce que 1. C'est par ce disque que j'ai connu l'artiste et 2. Parce qu'en tant que compil le résultat "tient" vraiment bien ensemble. De la chanson rock française comme je l'aime: Rauque, blasée, perverse, remplie de spleen, à l'haleine d'alcool. Mais, avec de tels moments de beauté et de lucidité. Piano, accordéon, guitare... rien de bien compliqué au niveau instrumental mais ça te prend au coeur.

C'est par des circonstances vraiment fortuites que je suis tombée sur ce disque. J'étais prof responsable de la radio étudiante de la Polyvalente St-Henri et voilà qu'un matin on reçoit une boîte hétéroclite remplie de cds... cadeau de Radio-Canada qui se débarasse de ses surplus de disques auprès des écoles. Ce qui était assez cocasse, c'est que 90% de ces disques m'auraient valu une révolte des élèves si je les avais passés: du Jean Derome, du René Lussier, du Joelle Léandre, et puis ce bijou qui a capté mon attention à cause de la sale tronche de Kanche sur la pochette. Disons que je me suis servie abondamment dans la caisse et je remercie encore les contribuables canadiens pour m'avoir fourni personnellement une vingtaine de disques absolument ahurissants!

La trame sonore du vieux saoulon qui traine au bar, mais qui est plus lucide que tout le monde dans la salle et qui le sait très bien.

C'est plaisant de lire que tu aime plus «Ommadawn» que «Tubular Bells» qui est vraiment beaucoup plus connu tout en n'étant pas non plus vraiment grand public. Je ne sais pas dans quel ordre tu les as connu mais en ce qui me concerne c'est «Tubular Bells« en premier, comme je pense la vaste majorité des gens qui connaissent Oldfield.

C'est un peu comme avoir trouvé l'arbre aux fruits interdit dans le jardin d'Éden, je trouve que c'est excessivement bien qu'une fois que tu ai atteint le jardin ( ce qui n'arrivera jamais à bien des gens) tu ne sois pas contenté de t'asseoir et d'admirer l'oeuvre,mais tu as plutôt continué la quête encore un peu plus loin.   

Désolé pour l'analogie un peu ésotérique... il est tôt et la nuit fût brève.
Avertissement: Ce message peut contenir un niveau élevé de sarcasmes, des opinions stupides ainsi que des traces d'arachides. La discrétion du lecteur est avisée.

Avec Dark Side of the Moon et quelques trucs de Genesis, Tubular Bells est peut-être l'album progressif ayant connu le plus grand succès commercial, et a ainsi contribué à amener des millions de pauvre gens à tomber dans cette dépendance musicale aux conséquences financière affreuses :P

Je connais personne qui préfère Tubular Bells à Ommadawn. C'est comme Dark Side of the Moon... dès que quelqu'un s'y connais un peu en Pink Floyd, c'est sûr que DSOTM n'est PAS son albums préfér de ce groupe.

Pour Pink Floyd je pourrais pas te dire, j'ai jamais été un fan, je n'ai donc pas d'album préféré. Je peux pas t'expliquer pourquoi mais ça m'a jamais accroché. Mettons qu'à part Another brick in the Wall , Money et Dark Side of the moon j'ai de la misère à donner des titres.  ;D

J'ai même pas l'intérêt de m'y mettre, même si madame Dalton a la discographie quasi complète dans l'armoire.J'ai même jamais mis un disque sur la table tournante.  Va savoir ce serait peut-être une grande découverte! C'est en osant comme ça, ok me tordant un bras plutôt, que madame m'a fait découvrir les Beatles. Évidement je connaissais le nom et quelques chansons les plus populaires, mais je n'avais jamais pris la peine d'écouter vraiment les albums.
Avertissement: Ce message peut contenir un niveau élevé de sarcasmes, des opinions stupides ainsi que des traces d'arachides. La discrétion du lecteur est avisée.

#7 9 Mars 2015 12:19 Dernière édition: 9 Mars 2015 16:00 par Shtamane
#28 Krishna Das - All One



Au début ça été le curry, puis le yoga… et maintenant, ce sont les kirtans que l’occident importe de l’Inde et adapte à sa sauce. Et le principal importateur s’appelle Krishna Das.

C’est quoi un kirtan? C’est une des formes d’expression communautaires de dévotion religieuse chez les hindous et sikhs. Il y a d’abord un leader qui lance un mantra avec un léger accompagnement musical (généralement, de l’harmonium et diverse percussions), et la foule le répète. Et le leader relance le mantra. Et la foule répète. Et tranquillement, le rythme augmente et la percussion devient de plus en plus insistante. Le va et vient entre le leader et le foule atteint au bout de longues minutes une apothéose, voire une transe. Parfois, le monde se lève debout, ça danse sa tappe des mains… un gros rave à la gloire de Dieu! Sans entrer dans les détails de ma vie spirituelle, disons que j’ai trouvé quelque chose qui manquait à ma vie dans ces rassemblements et qu’écouter du kirtan avant d’aller travailler m’apporte beaucoup de paix.

Krishna Das, un américain converti à l’hindouisme, incorpore de nombreux éléments de musique rock du sud des États-Unis, et le résultat est vraiment très bon. Dans All One, à mon avis son meilleur disque, un seul mantra est à l’honneur: le maha-mantra. Vous le connaissez peut-être, c’est le mantra popularisé par les Hare Krishna. On a donc droit ici à 40 minute de répétition de vers: “Hare Krishna Hare Kirshna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare”. Si vous avez un attention span de 30 secondes vous ne survivrez pas longtemps. La progression musicale est très lente, avec un instrument qui s’ajoute au 10 minutes environ, mais ça crée une sorte de tension qui explose vers la fin quand les éléments de rock et de musique africaine arrive et que le chant passe en vitesse turbo.

La trame sonore d'un cowboy qui trouve le sens à sa vie, à quelque part au Bengale...

Merci encore Shtamane pour ce beau topic !

Je ne connais pas du tout Marcel Kanche mais j'vais me pencher sur les œuvres du monsieur. Juste au look, on dirait un genre de Tom Waits français. Je suis particulièrement intrigué par son premier, "Aimer l'eunuque avant de glauquer", uniquement sorti en K7, qui semble être un mélange de musique concrète, de jazz et de art-rock.

Et pour Krishna Das, je connais très peu. Je vais de-ce-pas-de-tympans-investiguer l'album en question :)  Me gusta el harmonium (j'en ai un chez moi d'ailleurs).

Pour me joindre tardivement à la discussion Floyd-et-Oldfield, j'ai la quasi-discographie complète du Floyd en CD et je n'ai jamais régularisé le côté sombre d'la lune en CD (bien que je crois l'avoir en K7 officielle quelque part). Faudrait rectifier le tout. Mais ça prouve mon manque d'intérêt pour le disk en question. Trop écouté, trop surjoué. Quand j'ai le goût de Floyd, je vais plutôt y aller d'un "Piper" quand je feel Barrett, ou d'un "Meddle" (leur summum à mon sens) ou d'un "Atom Heart Mother" (tellement sous-estimé à mon sens). Et quand je feel Floyd version big-time, j'aime mieux un "Wish you were Here" ou "Animals" qu'un Dark Side.

Pour Mike, "Ommadawn" et même "Hergest Ridge" sont à mon sens plus fascinants que le pourtant excellent "Tubular Bells".

Oui, Tom Waits, c'est un bon parallèle pour Marcel Kanche! Leurs musiques sont très apparentees, bonne observation!

Pink Floyd ont un spot réservé quelque part dans le haut de mon palmarès et même en ce moment je ne sais pas lequel parmi 4 de leurs albums va avoir l'honneur d'y être... C'est tout dire!

#27 Ute Lemper - Punishing Kiss



Ute Lemper est une chanteuse allemande qui durant la majeure partie de sa carrière s'est spécialisée dans les cabarets, les reprises de Kurt Weill, les comédies musicale et tout le tralala. Bref, des trucs qui ne m'intéressent pas du tout. Sauf cet album tout à weird qui est un ovni dans sa discographie. Car ici se sont des gros noms de la musique pop qui ont signé pour elle les chansons. Et même si la collection de chansons sur cet album est hétéroclite et ne tient pas toujours comme un "tout"... quelle super collection! De la pop bien écrite, bien jouée, et évocatrice à souhait.  À commencer par la magnifique chanson d'ouverture, "Little Water Song", une ballade d'une douceur magnifique de Nick Cave mettant en scène... une femme en train de se faire noyer par son amant! On trouve aussi deux ballades langoureuses et déprimantes de Tom Waits, un morceau très ambiant de Philip Glass, trois morceaux de rock de chambre de Divine Comedy et et trois chansons plus jazzy de Elvis Costello qui sont à mon avis les moins excellentes du disque. Le fil conducteur de tout l'album est la voix de Lemper, très expressive, dans la plus pure tradition du cabaret allemand.

Mais surtout, surtout, deux longues compositions avant-gardistes HALLUCINANTES de Scott Walker, puissantes, cinématiques,  qui nous enfoncent (ou nous élèvent je ne sais plus) dans le plus profond de son esprit tordu. Lemper, qui dans tout l'album fait un très bon travail de chanteuse, devient ici LA vocaliste capable de donner vie au langage musical inclassable de Scott Walker, à quelque part entre le chant pop et le sprechgesang. Ce qui me fait regretterqu'elle n'ait pas orienté sa carrière dans l'expérimental à temps plein. Dommage... mais au moins on a ces deux pièces sur chacune desquelles je pourrais écrire un texte complet tant elles foisonnent d'idées géniales. À elles seules elles justifient l'écoute de cet album... heureusement le reste vaut également le détour.

(Scott Walker sera d'ailleur de retour plus haut, beaucoup plus haut dans mon palmarès!)

La trame sonore d'une scène sordide de crime, drame conjugual, Berlin, hiver 1932.

OH YEAH !!! Un super album ! Très bon choix !!!

Chro qui bute aussi. Mais Shta, Kurt Weill, c'est divin. Moi aussi j'étais sceptique au début mais maintenant, j'en raffole.

Et Ute + Scott = le duo parfait !!!

Je voudrais un album juste avec ces 2 là. Le vieux père Scott qui tabasse des quartiers de viande faisandés en fond de trame percussive et la divine Lemper qui détruit tout de ses Schrei élégiaques.

#26 Charles Mingus - The Black Saint and the Sinner Lady



Parce qu'il est la synthèse de tout ce que le jazz a été et possiblement de tout ce que le jazz sera. Parce qu'il marche avec perfection sur la corde raide entre composition réglée au quart de tour et folie instrumentale. Parce qu'il a fait entrer définitivement le jazz dans le monde de la production studio moderne tout en l'élevant au rang de musique classique. Parce qu'en 40 minutes ils nous fait passer par toutes les émotions et les textures, de la mélacolie à la danse extatique. Parce que sa richesse rythmique et instrumentale est inégalée, et pour ses montées en tension époustouflantes. Pour sa sublime mise en valeur du trombone contrebasse. Pour toutes ces raisons et encore plus, The Black Saint and the Sinner Lady est mon classique du jazz favori et une fière addition à mon top 30!

La trame sonore d'un écorché de la vie qui, marchant la clope au bec, observe New York, 5h00 du matin, été 1963.

#13 14 Mars 2015 19:53 Dernière édition: 14 Mars 2015 19:56 par Shtamane
#25 Malajube - Trompe-l’Oeil



Le traditionnel combo feux de camp + gratteux de guitare a toujours été très fort au Québec. Et on a nos classiques qu’on aime, ces chansons qui ont la magie de rassembler les gens dans ces moments-là. Félix Leclerc bien sûr, le premier disque d’Harmonium, l’escalier et le printemps qui chauffe la couenne à notre Paul Piché national. Les états d’âme d’Éric Lapointe, Le Seigneur et le Lucifer de Kevin Parent et la gang de malade de Daniel Boucher. Et puis, d’ici quelques années, probablement quelques-unes des chansons ultra-accrocheuses de cet album, j’en suis convaincue.  On est loin du folk acoustique habituel de la musique québécoise, étant plutôt en présence d'un rock étoffé, fonceur, insouciant et hyponcondriaque. Malgré tout, cet album sera l’un de ceux dont les chansons entreront au palmarès des hymnes québécois éternellement jeunes.

La trame sonore des ti-culs qui se grillent des guimauves, de Matante qui change encore sa chaise de place parce que la boucane du feu s’acharne à se diriger vers elle et surtout du beau frère qui, saoul comme une botte, fait des fausses notes sur sa Godin. Été 2039.

Il a beaucoup tourné chez moi en 2006-2007 celui-là. Je l'ai un peu mis de côté mais faudrait que je me le ré-écoute.

Le suivant par contre, Labyrinthes, est vraiment supérieur à mon sens, plus ambitieux, plus touffu, plus proggy-licieux, bourré d'effets psychotroniques. Vraiment un chouette album. Dommage que ça ait moins pogné que le précédent parce que leur virage pop-bonbon sur "La Caverne", moi, je suis pas capable (grosse déception).